Infections Urinaires et Spina Bifida
Du fait du dysraphisme (spina bifida) et de ses conséquences au niveau de l’appareil urinaire, vous pouvez être confronté à des infections urinaires. Celles-ci peuvent apparaître dans le cadre de mictions spontanées mais aussi lors de la pratique des sondages intermittents.
Aussi, pour mieux comprendre les mécanismes d’apparition de ces infections, les prescriptions médicales en lien, nous vous proposons de refaire le point sur les termes médicaux (lexique) utilisés autour de cette question et de répondre à certaines questions que vous vous posez peut-être.
LEXIQUE des infections urinaires
Micro-organisme
Organisme de très petite taille visible exclusivement au microscope. Les micro-organismes sont très nombreux et appartiennent à des espèces différentes. Les bactéries et les virus sont des micro‐organismes.
Bactérie
Organisme microscopique capable de vie autonome, présent en abondance dans l’organisme humain et dans l’environnement (sol, eau, etc.).
Escherichia Coli
Bactérie présente en grand nombre dans le gros intestin (colon). Elle est responsable de la majorité des infections urinaires.
Staphylocoque
Bactérie de forme ronde agrégés en grappes.
Streptocoque
Bactérie de forme ronde agrégées en chaînettes.
Virus
Micro organisme encore plus petit qu’une bactérie et qui est incapable de vie autonome. Le virus ne peut que vivre et se multiplier à l’intérieur d’une cellule humaine ou animale. Les virus ne sont pas responsables d’infections urinaires courantes.
ECBU
L’examen cytobactériologique des urines est un examen de biologie médicale, étudiant l’urine d’un patient et déterminant notamment la numération des hématies et des leucocytes, la présence ou non de cristaux et de germes. Il est fréquemment utilisé pour détecter une infection urinaire. Si cet examen s’avère positif, les urines seront « mises en culture » pour savoir quel est le germe à l’origine de l’infection urinaire et quelle est sa sensibilité au traitement antibiotique.
Bandelette urinaire
Examen rapide des urines réalisé par immersion d’une bandelette pour détecter la présence de bactéries ou de globules blancs en quantité importante. Moins fiable que l’ECBU, il est toutefois plus rapide et moins couteux à réaliser.
Infection urinaire
L’infection urinaire est due à la présence de bactéries dans l’urine et à la réaction de l’organisme contre ces micro-organismes. Cette réaction se caractérise par une inflammation qui est à l’origine des symptômes ressentis par le patient : douleur, brûlure, fièvre, etc. Elle est traitée par des antibiotiques.
QUESTIONS-REPONSES
Quand il y a des bactéries dans l’organisme, y a-t-il une infection ?
Non. Le corps humain n’est pas stérile et contient des germes. La présence de germe en quantité même importante est normale dans beaucoup d’organes comme par exemple la peau, la bouche et l’intestin. Par contre, il existe des parties du corps qui sont absolument stériles et qui ne contiennent aucun micro-organisme. C’est le cas du système nerveux et du sang.
En condition normale les urines sont-elles stériles ?
Non. Les urines contiennent toujours des germes mais en quantité limitée. On parle d’urines stériles mais cela signifie en réalité qu’elles contiennent peu de germes. La limite acceptable de germes dans les urines est une numération inférieure à 100.000 germes/ml.
Mon urine contient plus de 100.000 germes/ml, est-ce que j’ai une infection urinaire ?
Non, pas nécessairement. L’organisme peut tolérer une quantité importante de germes dans les urines et il n’y aura aucun symptômes ni problème particulier. C’est ce qu’on appelle une » bactériurie asymptomatique ».
La bactériurie asymptomatique est-elle dangereuse ? Faut-il la traiter ?
Cela dépend : la bactériurie asymptomatique peut être dangereuse pour certains patients qui n’ont plus de défenses immunitaires. C’est le cas des patients qui viennent d’avoir une transplantation et qui reçoivent un traitement immunosuppresseur ou encore des patients atteints de SIDA à un stade évolué. La bactériurie, même asymptomatique est alors systématiquement recherchée et traitée. Il en est de même pour la femme enceinte car là aussi elle peut plus facilement évoluer vers des infections potentiellement graves.
Dans d’autres situations, par exemple chez les patients âgés, la bactériurie est fréquente et est rarement source de problèmes : elle n’est pas systématiquement traitée.
Je suis atteint(e) de spina bifida et je pratique l’autosondage pour vidanger ma vessie. Mon ECBU (examen bactériologique des urines) montre souvent des germes en quantité très importante avec également beaucoup de leucocytes (globules blancs). Mon médecin doit-il me prescrire un traitement antibiotique ?
Non. Pour les patients qui pratiquent l’autosondage, la présence de germes en quantité même très importante dans les urines est inévitable. La bactériurie est constante dans cette situation et ne nécessite pas d’examen urinaire ou de traitement si elle reste asymptomatique. De plus, la prise trop fréquente de traitement antibiotique favoriserait l’apparition de germes qui deviendraient résistants à ces traitements. On risquerait d’être confrontés à des difficultés beaucoup plus importantes si une véritable infection urinaire faisait son apparition et si le traitement était inefficace.
Dans cette situation, le maintien d’un apport hydrique suffisant et la pratique régulière de l’autosondage permettent d’éviter que cette bactériurie ne s’aggrave. Par contre, si la fréquence et la régularité des sondages est insuffisante, la bactériurie pourrait évoluer vers une véritable infection urinaire
J’ai une dérivation urinaire de type Bricker : ma vessie a été enlevée et mes urines s’écoulent dans une poche collée à la peau de mon ventre. Ces urines sont souvent épaisses et contiennent des glaires. L’examen urinaire montre toujours la présence de bactéries. Est-ce que mes urines sont infectées ?
Dans ce type de montage chirurgical, on utilise une portion de l’intestin pour amener les urines à la peau (stomie). Ce segment d’intestin secrète toujours des glaires qu’il est donc normal de retrouver dans les urines ; ce n’est pas un signe d’infection. On retrouve également des bactéries en quantité abondante dans les urines prélevées dans la poche. Si vous n’avez pas de symptômes, il n’est pas nécessaire ou utile de rechercher et de traiter ces bactéries.
Si je fais une infection urinaire avec des douleurs au niveau de la vessie faut-il que je prenne un antibiotique ? Est-ce que je dois toujours faire une analyse d’urines avant d’avoir un traitement antibiotique ?
Avant de commencer un traitement antibiotique, il est toujours préférable d’effectuer un examen urinaire. Chez les patients souffrant de spina bifida, et particulièrement pour ceux qui pratiquent l’autosondage, les infections urinaires sont souvent dues à des bactéries résistantes aux antibiotiques les plus courants. L’ECBU nous donnera des renseignements importants concernant la sensibilité de ces germes aux différents traitements.
Je suis paralysé(e) au niveau de mes jambes et je n’ai pas de sensibilité dans au niveau de ma vessie ? Comment savoir si je fais une infection urinaire?
Dans ce cas, les symptômes d’infection urinaire peuvent être trompeurs. La présence d’une fièvre inexpliquée ou de lombalgie, si la paralysie n’est pas très haute, peut être un signe d’infection. Par ailleurs, il ne faut pas négliger certains signes comme les maux de tête, une transpiration plus importante ou une sensation de mal être.
MESSAGE A RETENIR
La présence de bactéries dans les urines, même en quantité abondante, est souvent bien tolérée et ne nécessite pas toujours de traitement si vous n’en souffrez pas.
Si vous pratiquez l’autosondage, veillez à boire suffisamment et à réaliser vos sondages régulièrement dans la journée : la vidange vésicale régulière est la meilleure solution pour éviter les infections urinaires.
Dr Andrea MANUNTA – Urologue – Mars 2010