La défécographie

A quoi sert la défécographie ?

Il s’agit d’un examen qui étudie l’anatomie fonctionnelle de l’anus et du rectum, et des organes de voisinage, vessie en avant et intestin grêle au-dessus.

 

Il est indiqué dans le bilan des troubles de la continence et de la défécation, qui peuvent être par exemple d’origine neurologique comme dans le spina bifida.

 

La région ano-rectale assure deux rôles importants : la continence, c’est-à-dire la capacité à retenir les gaz et les selles, et la défécation, c’est-à-dire la capacité à évacuer le contenu du rectum. Ces deux grandes fonctions mettent en jeu un système capacitif, le rectum qui est un réservoir, et un système résistif, les muscles – ou sphincters – de l’anus.

Le schéma ci-contre vous indique l’anatomie de ces deux systèmes, sur une coupe de face. Au repos, l’anus est le siège d’une pression de base qui en assure la fermeture, ce qui permet une continence de base. Quand les selles ou les gaz arrivent dans le rectum, cela provoque une distension du rectum et une sensation de besoin, ainsi qu’une ouverture réflexe de la partie haute de l’anus (ce qui nous permet de reconnaitre le type du contenu, gaz ou selles).

Si le besoin ne peut être satisfait, la contraction volontaire du sphincter anal s’oppose à l’évacuation du contenu rectal. Dans le cas contraire, le rectum se contracte, et l’anus se relâche, ce qui permet la propulsion et l’expulsion du contenu rectal, gaz et/ou selles.

 

Pour que ces deux fonctions, continence et défécation, soient assurées correctement, les nerfs assurant la sensibilité et la motricité du rectum et de l’anus doivent être intacts. C’est ce qui explique que le spina bifida s’accompagne souvent de troubles de la continence et de la défécation.

 

La défécographie est une méthode radiologique qui étudie l’anatomie du rectum, de l’anus, de la vessie, de l’intestin grêle, en essayant de reproduire une défécation naturelle.

 

C’est une méthode dynamique, qui enregistre les mouvements de ces organes pendant la défécation. Ces organes ne sont naturellement pas visibles en radiologie, car contenant de l’air. Pour les visualiser, ils seront remplis d’un produit visible en radiologie.

 

Lorsqu’un médecin expérimenté examine un patient souffrant d’incontinence ou de constipation il peut mettre en évidence des anomalies par son examen, mais il a souvent besoin de la défécographie pour confirmer son diagnostic et vérifier qu’il n’existe pas d’autre anomalie associée importante à prendre en compte avant de proposer un traitement.

Où se déroule l'examen ?

Au CHU de Rennes la défécographie est pratiquée au plateau technique, au niveau -2 du pavillon Pointeau du Ronceray.

 

Si vous venez pour un parcours de soins dans le cadre du centre national de référence Spina Bifida, un plan du CHU vous est adressé.

Comment se déroule l'examen ?

I – Avant la défécographie

L’examen nécessite que le rectum soit propre. Vous aurez donc à effectuer une préparation par des lavements de Normacol, achetés en pharmacie : il faut réaliser un lavement la veille au soir et un lavement le matin de l’examen.

 

Pour visualiser l’intestin grêle au cours de l’examen, celui-ci doit être opacifié : vous devrez boire 150 ml de produit de contraste (Micropaque) 2 heures avant la défécographie.

 

L’usage de rayons X interdit la défécographie en cas de grossesse.

 

Il est inutile d’être à jeun.

 II – Pendant la défécographie

Le but de la défécographie étant d’étudier les mouvements du rectum, de l’anus, de l’intestin grêle, du vagin, pendant la défécation, l’examen est réalisé dans les conditions les plus proches possibles de la réalité.

 

Vous être installé(e) dans une pièce calme par la personne qui va effectuer l’examen. Un produit opaque aux rayons X et ayant une consistance comparable aux selles est introduit dans le rectum par l’anus, au moyen d’une seringue. Le volume injecté est de l’ordre de 200 à 250 ml. La cavité du vagin est elle-aussi opacifiée. Les produits sont bien tolérés et leur introduction n’est pas douloureuse. Vous êtes ensuite installé(e) sur un siège d’aisance en position assise.

Siège d’aisance pour la réalisation de la défécographie et position assise pour la réalisation de l’examen.

Des radiographies et un enregistrement radioscopique sont effectués en position de repos, lors de la contraction des muscles du petit bassin et du périnée (effort de retenue) et également lors de la défécation. Les clichés sont réalisés de profil.

Vous avez ci-dessous des exemples de clichés obtenus.

Aspect au repos : opacification du vagin,

du rectum et de l’intestin grêle

Aspect en poussée : on assiste à un début

de vidange du rectum

III – Les résultats de la défécographie

L’enregistrement va être étudié par le médecin gastro-entérologue et proctologue qui vous verra en consultation.

 

L’obtention des données radiographiques permet de préciser plusieurs éléments importants :

 

  • La capacité à vider le rectum : la qualité de l’évacuation est appréciée par la vitesse avec laquelle le produit opaque est éliminé, la quantité de produit éliminé, et la persistance éventuelle du produit avec accumulation localisée à un endroit .
  • L’aptitude de l’anus et des muscles qui l’entourent (sphincters) à se relâcher de façon efficace lors de la défécation.
  • Les anomalies de soutien des viscères du petit bassin : descente de la paroi du rectum, des anses de l’intestin grêle, du fond du vagin, ou du plancher du périnée.

L’examen est normal si :

  • l’évacuation du produit opaque est obtenue de façon complète en moins d’une minute
  • L’ouverture du canal anal est large
  • Il n’existe pas de mobilité anormale de la paroi rectale,
Les anomalies observées

L’absence d’évacuation ou le caractère très incomplet de la vidange du rectum permet d’affirmer de façon objective qu’il existe une constipation d’évacuation. Ce dysfonctionnement peut être dû par exemple à une fermeture inappropriée de l’anus au moment de l’évacuation, ce qui est appelé dyssynergie ano-rectale. Certaines anomalies neurologiques dont le spina bifida peuvent en être l’origine.

Une laxité excessive des muscles du périnée ou des parois du rectum peut expliquer des difficultés à l’évacuation : la paroi du rectum peut descendre de façon anormale jusqu’à l’anus, obstruant celui-ci : on parle de prolapsus. Une hernie de la paroi du rectum vers le vagin peut se produire : on parle de rectocèle, dans laquelle vont s’accumuler des selles. On peut voir encore une descente trop importante de l’intestin grêle : on parle d’entérocèle.

Aspect en poussée. On assiste à une descente

inhabituelle des anses intestinales dans le petit bassin (entérocèle).

Le médecin qui vous verra en consultation adaptera votre traitement aux anomalies observées. Par exemple, si des anomalies de l’évacuation sont objectivées, il vous prescrira des suppositoires ou lavements qui pourront aider l’exonération.

Pour en savoir plus
  1. Groupe de recherche en proctologie. Prévalence et retentissement des troubles de la

défécation et de la continence dans la population française. Gastroenterol Clin Biol

2004; 28:A122

  1. Pfeifer J, Oliveira L, Park UC, Gonzalez A, Agachan F, Wexner SD. Are interpretations of

video defecographies reliable and reproducible ? Int J Colorectal Dis 1997; 12:67-72

  1. Shorvon PJ, McHugh S, Diamant NE, Somers S, Stevenson GW. Defecography in normal

volunteers : results and implications. Gut 1989; 30:1737-1749

  1. Agachan F, Pfeifer J, Wexner SD Defecography and proctography. Results of 744 patients.

Dis Colon Rectum 1996; 39:899-905

  1. Mellgren A, Bremmer S, Johansson C, Dolk A, Uden R, Ahlback SO, Holmstrom B

Defecography. Results of investigations in 2,816 patients. Dis Colon Rectum 1994;37:1133-1141.

 

AUTEUR : Dr Isabelle Berkelmans – Centre National de référence Spina Bifida –  Janvier 2011